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Thèse de sciences du langage, Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle
Étude des verbalisations métalinguistiques d’apprenants coréens sur l’imparfait et le passé composé en français
Introduction Chap. 1 Chap. 2 Chap. 3 Chap. 4 Chap. 5 Chap. 6 Chap. 7 Conclusion
Résumé Biblio Corpus Index 1 Index 2 Annexe 1 : Exercice Annexe 2 : Conventions


Résumé


Dans notre travail, nous nous sommes proposée d’étudier la conceptualisation du passé composé et de l’imparfait chez trois apprenantes coréennes adultes de français. Il s’agit d’observer leurs connaissances métalinguistiques sur les valeurs aspecto-temporelles des deux temps, à travers leurs verbalisations saisies à deux moments de leur apprentissage (à un intervalle de 2ans et 8 mois en moyenne), autour d’un exercice à trous.

Ce travail est constitué de trois parties. La première partie examine la question du métalinguistique ; la seconde partie est consacrée à la question méthodologique ; et la troisième partie concerne l’analyse des données.

La première partie contient trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous avons examiné la question du métalinguistique abordée dans quatre disciplines (la linguistique, la psycholinguistique, les méthodes d’enseignement d’une langue étrangère, et la grammaire scolaire du français). Dans les deuxième et troisième chapitres, nous avons étudié la place et la fonction du métalinguistique dans des modèles d’apprentissage d’une langue étrangère.

Le métalinguistique défini en linguistique comme fonction d’autoréférenciation, se présente (chapitre 1), comme une activité autonymique du sujet vis-à-vis de la langue, communément observable dans différentes activités : dans son acte d’énonciation en tant que locuteur, dans son apprentissage d’une langue première et étrangère en tant qu’apprenant, et encore dans la recherche linguistique, et l’élaboration d’une grammaire ou d’une méthode d’enseignement de langues.

Pour l’apprentissage d’une langue étrangère qui nous concerne directement, nous avons examiné deux types de modèle d’appropriation : le premier (chapitre 2) conçoit le processus d’apprentissage comme l’itinéraire à la fois synchronique et diachronique d’un objet langagier, de sa présence dans l’input jusqu’à son utilisation dans la production verbale de l’apprenant. Dans ce type de modèle systémique, l’activité métalinguistique intervient tout au long du parcours de l’input à l’output : a) intake (saisie) ; b) intégration dans le système des connaissances par la formation et test d’hypothèses ; c) restructuration des connaissances entraînant éventuellement la transformation de nature des connaissances (implicite, explicite) ; et d) output (production dans l’interaction verbale). Les connaissances et hypothèses de l’apprenant concernent les trois premières phases.

La seconde modélisation cognitive, exposée dans le chapitre 3, explique le processus d’apprentissage comme une évolution de compétence de traitement, du type contrôlé (séquentiel, lent et coûteux en charge cognitive) au type automatique (accès simultané aux informations, rapide, légère en charge cognitive). Les étapes du changement de traitement contrôlé en automatique s’expliquent notamment par la notion de procéduralisation, composée de l’acquisition des connaissances procédurales et de l’automatisation de leur mise en oeuvre en situation. Le processus d’acquisition des connaissances métalinguistiques concerne le traitement contrôlé, accompagnée d’une attention sélective. Il est en oeuvre dans l’explicitation des principes sous-jacents aux phénomènes linguistiques. L’examen de chacun des deux types de modèle (systémique et cognitif) est suivi par l’exposé des questions et des discussions qui émergent.

La seconde partie consacrée à la méthodologie comprend deux chapitres. Dans le chapitre 4, nous avons étudié différentes méthodes de recueil de données pratiquées en sciences humaines, ce qui nous a permis de situer notre propre méthode de recueil de données : les verbalisations métalinguistiques sur le passé composé et l’imparfait autour d’un exercice à trous (interrogation, entretien plus ou moins structuré par l’exercice à trous et par les questions ouvertes). Les réserves et les débats sur la validité des verbalisations ont aussi été présentés et discutés (chapitre 4).

Nous avons également présenté les différentes formes de sollicitations employées par l’enquêtrice, dont les interventions façonnent les verbalisations des apprenantes au fil de l’interaction. Les informations sur les deux entretiens, les renseignements sociolinguistiques sur les informatrices, et le déroulement de l’enquête sont présentés en fin du chapitre 4.

L’étude des connaissances métalinguistiques des valeurs aspectuelles chez l’apprenant nécessite un cadre d’analyse des données. Nous avons élaboré dans le chapitre 5 une grille d’observation ainsi que nos méthodes d’analyse des verbalisations. Notre grille d’observation est constituée d’une dizaine de catégories nécessaires ou susceptibles d’être utilisées pour la référence temporelle. Outre les rapports entre le moment repère et le moment de la situation que nous reprenons de Klein (1994, 1995) et de Noyau (1991), nous avons inclus d’autres notions d’ordre discursif, idiosyncrasique, et autres. Notre grille d’observation comporte ainsi les notions suivantes, qui se divisent encore en sous-catégories : a) type de procès du verbe, b) bornage de l’intervalle, c) nombre d’occurrences d’un procès, d) localisation d’un procès sur l’axe du temps par rapport au moment de locution, e) moment de la situation selon la position du moment repère, f) ordre du moment repère et du moment de la situation, g) types de chevauchement entre intervalles, h) rôle discursif local, i) rôle macro-discursif, j) durée, et k) effets ressentis.

Nous avons également comparé, dans le même chapitre 5, le passé composé et l’imparfait en français et les moyens linguistiques équivalents en coréen. La grande diversité des moyens linguistiques en coréen fait que l’apprenant coréen peut avoir, déjà dans sa langue maternelle, une conscience faible des rapports entre formes et fonctions. Quelques hypothèses sur les zones de difficultés éventuelles des apprenants coréens ont été formulées (bornage de l’intervalle, contemporanéité entre deux procès, phénomène de chevauchement). 

Notre méthode d’analyse consiste à repérer dans leurs verbalisations les catégories auxquelles nos apprenantes ont recours pour exprimer les relations temporelles captées dans le passé composé et l’imparfait. Nous proposons de les analyser du point de vue de leur opérationnalité, déterminée par trois critères : a) la disponibilité de la catégorie ; b) la précision dans la référence à la catégorie ; et c) la systématicité de son emploi dans divers contextes.

La troisième partie consacrée à l’analyse des données est constituée de deux chapitres de taille inégale. Le chapitre 6 offre une vue d’ensemble sur les catégories repérées : l’observation des références aux catégories, leurs formulations, ainsi que leur degré d’opérationnalité.

Certaines valeurs ont été observées qui semblent fonctionner de façon déterminante dans le choix du temps par les trois informatrices, indépendamment de leur caractère pertinent : l’aspect perfect, le type de procès du verbe, les rôles discursifs locaux, la localisation d’un procès dans le passé, les notions de durée. Les informatrices montrent également des différences individuelles par les catégories auxquelles elles sont plus sensibles. Des changements sur les deux entretiens ont également été notés : la disparition de référence à certaines catégories (multiplicité d’occurrence de procès), la référence plus fréquente à d’autres (rôles macro-discursifs) et les progrès en opérationnalité, mais partiels, pour quelques catégories opératoires (la conception d’un procès transitionnel en déroulement, la prise en compte de la borne droite de l’intervalle pour le double bornage extrinsèque, et le chevauchement partiel d’inclusion).

Pour les formulations de ces catégories, nos informatrices emploient divers moyens linguistiques. Selon les catégories, certains moyens sont privilégiés. Les différences de formulation entre les deux entretiens, dues à la différence de langue d’expression ont été notées (des mots plus savants et des paraphrases plus nombreuses dans les seconds entretiens qui se sont déroulés en coréen).

Dans le chapitre 7, nous avons observé plus attentivement trois catégories, le bornage, le chevauchement d’inclusion, et l’imperfectivité, dont l’acquisition seulement partielle est à l’origine des erreurs dans le choix des temps. Le bornage intrinsèque n’est pas saisi directement, et se présente comme une conséquence de la lecture discursive ou de la localisation du procès dans le passé. Les erreurs de choix de temps dans les emplois obligatoires du passé composé dans le contexte du double bornage extrinsèque montrent que nos informatrices (sauf Kang) n’ont pas conscience de cette catégorie.

Le chevauchement partiel d’inclusion est établi par deux procès reliés, l’un au passé composé et l’autre à l’imparfait. Ce rapport entraîne le début antérieur du procès à l’imparfait par rapport à celui au passé composé. Le choix du temps est approprié dans les cas d’affinité sémantique entre l’aspect grammatical et le mode d’action. Cette notion est contenue dans la compréhension générale de l’énoncé mais ne fait pas l’objet d’une thématisation dans la verbalisation. Le caractère non opérationnel de l’antériorité du début du procès à l’imparfait se manifeste clairement dans leurs erreurs de choix de temps et dans leurs verbalisations qui contredisent leurs choix.

Quant à l’aspect imperfectif qui semblait acquis pour les verbes d’état et d’activité, et même pour des verbes transitionnels (par la prise en compte de la borne gauche) au second entretien, il s’avère toujours en voie de développement. A la différence des deux premières catégories, l’acquisition de l’aspect imperfectif semble faire intervenir des facteurs plus généraux : a) la compétence macro-discursive qui permet de savoir à quel moment adopter la vision imperfective d’un procès au moment repère : b) la connaissance de la sémantique lexicale des verbes qui, selon les contextes, peut avoir des sens légèrement différents, en entraînant des conséquences dans la vision du procès, donc dans le choix de temps.

En conclusion, nous avons observé que certaines catégories semblent être acquises avec la langue maternelle ou « naturellement ». Mais beaucoup d’autres ne sont pas maîtrisées pendant la période d’observation. Pour l’emploi approprié du passé composé et de l’imparfait, il s’avère nécessaire d’identifier en particulier le bornage de l’intervalle, le rapport d’inclusion entre intervalles, et l’imperfectivité. La non-acquisition de ces catégories opératoires semble montrer la nécessité d’une abstraction par induction consciente avec, néanmoins, des processus différenciés. Le processus d’apprentissage se décrit de ce point de vue comme un faisceau de microprocessus de découverte et d’opérationnalisation graduelle des catégories pertinentes qui régissent les relations forme-fonction-sens dans cette langue.

 



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